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Imposer un choix de vie aux plus de 62 ans est une régression sociale intolérable

lundi 13 février 2023, par André Martin

Imposer un choix de vie aux plus de 62 ans est une régression sociale intolérable

Aujourd’hui, tous ceux qui le souhaitent, le peuvent ou en ont besoin, peuvent travailler au-delà de 62 ans. Jusqu’à 64, 66, 70 ans ou plus. Du fait que le droit au cumul emploi-retraite est ouvert à tous, sans aucune limite de revenu. Par contre, ce droit devrait absolument être de nouveau encadré.

Décident aujourd’hui de partir à 62 ans ceux qui, ayant les annuités requises, sont soit au chômage, soit usés et fatigués par leurs conditions de travail. Et ceux pour qui le « Travailler plus, pour Gagner plus, pour Consommer Plus, pour Polluer plus » représente une impasse civilisationnelle dangereuse pour les nouvelles générations. Ils estiment être plus utiles et plus heureux, en se consacrant à des activités associatives ou d’intérêt général, comme s’occuper des petits-enfants, agir pour limiter le dérèglement climatique, laisser des emplois aux jeunes. Ou avoir des activités culturelles, sportives, de jardinage, … Leur refuser ce choix de vie responsable serait une régression sociale intolérable.

De ce fait, notre système basé sur une condition d’âge et une condition d’annuités, laisse une liberté de choix de l’âge de départ presque aussi grande que dans un système à points tant vanté à l’automne 2019. A condition de ne surtout pas augmenter l’âge légal à 64 ans. Et de se limiter à des mesures incitatives.

Le grand mensonge par omission : les pensions de retraite vont fortement baisser

A chaque réforme des retraites les ministres expliquent : « Il y a seulement 3 paramètres sur lesquels on peut agir : augmenter l’âge de départ, baisser les retraites ou augmenter les cotisations. En baissant les retraites ou en augmentant les cotisations, nous ferions baisser le pouvoir d’achat des retraités ou des salariés. Nous ne le voulons pas ».

Ça paraît tellement logique que tous les ministres et députés de droite le répètent tous les jours, sur toutes les chaînes télé et radio. Or c’est le parfait mensonge par omission. Puisque les retraites vont continuer à baisser fortement. Ce que confirme la baisse prévue par le COR du poids des pensions dans le PIB. Voici ces prévisions :

• « Entre 2020 et 2050, pour un salarié du privé non-cadre, le taux de remplacement (rapport entre la pension de vieillesse et le salaire en fin d’activité) baissera en moyenne de 75,6 % (génération née en 1955) à 64,4 % (génération née en 1985). Pour les cadres, le taux de remplacement moyen baissera de 55,5 % (génération née en 1955) à 42,7 % (génération née en 1985) ». A lire sur « Taux de remplacement » (4)

• « Rapport du COR de juin 2021 : Le poids des pensions dans le PIB, à législation constante, devrait diminuer dans les décennies à venir. Après un pic exceptionnel autour de 15 % en 2020, il redescendra entre 11 % et 13 % d’ici 2070 » - A lire dans « Luc Peillon pour CheckNews » (3)

Sous influence des lobbies et de Mac Kinsey, le Président de la République organise l’appauvrissement de l’Etat. Et transfère progressivement la protection sociale à des groupes privés

Non seulement il refuse toute proposition qui permettrait d’accroitre les ressources des caisses de retraites (cotisation sur les revenus du capital, augmentation des salaires au moins égales à l’inflation, égalité salariale hommes-femmes, légère augmentation des cotisations …). Mais il organise l’appauvrissement de l’Etat. Exemples :

• « Entre 100 et 120 milliards de perte de recettes fiscales annuelles sur le budget général de l’état depuis 2000 », selon le Rapport de juin 2010 du député UMP Gilles CARREZ : "2000 à 2010 : dix années de pertes de recettes non compensées" (5)

• Il refuse que soient augmentées de 2 € par mois les cotisations retraite. Mais les détenteurs de gros SUV et de voitures de luxe ont bénéficié à l’automne 2022 de la ristourne de l’Etat de 0,20 € par litre. Soit plusieurs milliards d’euros de subventions dont ils n’avaient pas besoin, payées par l’ensemble des contribuables !

• Les heures supplémentaires sont exonérées d’impôt sur le revenu dans la limite de 7 500 €. Un pur scandale que dénonçait en 2018 le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner « C’est 4 milliards de coût et 100.000 emplois perdus » ! (6)

Les heures supplémentaires sont également exonérées partiellement de cotisations sociales(8). L’Etat compense-t-il totalement ces exonérations de cotisations auprès des organismes de protection sociale ? On voudrait vérifier pour en être sûr !

• Suppression de la redevance pour l’audiovisuel public

• On peut estimer au moins à 2 milliards d’euros, l’économie annuelle pour les caisses de retraite qui résulterait du rétablissement des plafonds au cumul emploi-retraite en vigueur jusqu’en 2008. Année où Sarkozy a supprimé tous ces plafonds, permettant ainsi à plus de 100 000 hauts revenus de cumuler sans limite une retraite très élevée et un salaire très élevé ! (7)

L’autoritarisme d’Emmanuel Macron et sa politique antisociale alimentent la désespérance et la défiance à l’égard de la démocratie parlementaire

Nous savons depuis 2017 que Macron a très peu de considération pour les corps intermédiaires. Laurent Berger le rappelle dans son interview à l’OBS : « Macron ne veut rien entre le peuple et lui », « Il est persuadé qu’il peut transformer la société française à lui tout seul ».

Exemple emblématique : les syndicats expliquaient début 2020 à France-Info s’être heurtés à un "mur" pendant les 2 années de discussions sur la réforme pour la retraite à points. A lire sur "Ce n’était que du cinéma"

Après ces affronts répétés du Président et les défaites de 2010 et 2016, les directions syndicales et des partis de gauche n’ont pas le droit d’échouer une nouvelle fois. Ensemble, les forces syndicales, les députés, les élus locaux et nationaux doivent se donner les moyens d’obtenir le retrait de l’article 7. Il en va de la crédibilité des forces progressistes et humanistes. Une nouvelle défaite accroitrait encore la désespérance qui elle-même finirait par amener l’extrême droite au pouvoir.

Nous soutiendrons financièrement les salariés en grève reconductible

La déclaration de l’intersyndicale du 11 février reconnait implicitement que seule la grève reconductible dans quelques secteurs stratégiques permettra de faire reculer le Président de la République. Ce qui nécessite obligatoirement qu’un soutien financier massif aux salariés en grève reconductible soit organisé rapidement, dans un maximum de villes et de métropoles. Et ce, au moins jusqu’au retrait de l’article 7 de la réforme.

Nous souhaitons contribuer, par des analyses et des propositions basées sur nos expériences syndicales, à la réussite d’un grand mouvement de soutien financier aux grévistes.

Depuis 20 ans les entreprises ont mis en place, hormis sur les sites de production, des organisations du travail radicalement différentes : télétravail, des millions de techniciens et de commerciaux ne passent plus au bureau ou à l’entreprise, 3 millions de salariés sont corvéables à merci à cause du contrat de travail en jours légalisé en 2000 dans la 2nde loi Aubry, …). Des millions de salariés et les syndicalistes d’entreprise vivent ces réalités. Ils estiment souvent qu’en faisant 2 ou 3 jours de grève, cela ne gênerait en rien leur employeur ... qui leur retiendrait néanmoins 2 ou 3 jours de salaire ! Car grève ou pas grève, ils devront de toute façon s’acquitter des mêmes tâches. Mais des millions de citoyens seraient prêts à verser, ou à collecter autour d’eux, l’équivalent de 1 ou 2 jours de salaire, en soutien aux grévistes.

Nous, responsables syndicaux et associatifs, scientifiques, universitaires, artistes, écrivains, économistes et élus des différentes sensibilités de la gauche, décidons d’apporter notre soutien financier aux salariés en grèves reconductibles.

Sollicitons l’aide logistique de nos municipalités : lieux et moyens de réunion, affichage et diffusion des informations concernant les modalités pratiques des collectes.

Relayons et discutons ces constats et suggestions dans nos entreprises, administrations, syndicats, associations et réseaux sociaux.

André Martin – Fondateur du site http://www.retraites-enjeux-debats.org/
Délégué syndical CFDT pendant 20 ans dans un grand groupe multinational

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