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Retraites : ce que vous n’entendez pas à la télé !

dimanche 18 avril 2010

Retraites : ce que vous n’entendez pas à la télé !

Les retraites sont au cœur du système social français. C’est un acquis majeur et symbolique qui permet à tous les travailleurs de bénéficier d’un temps de liberté durant les dernières années de leur vie au nom de la solidarité intergénérationnelle (les plus jeunes paient pour les anciens qui ont bien mérité leur repos).

Depuis la parution du rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) sur les retraites le 14 avril dernier, les politiques de droite accompagnés de certains autres prétendument de gauche, ainsi que les médias de masse à l’unissons ont lancés une campagne alarmiste sur la question des retraites. Usant de chiffres qui se comptent en centaines de milliards d’euros pour agiter le spectre de l’effondrement pur et simple du système des retraites si rien n’est fait, ils souhaitent jouer sur la peur des gens pour faire accepter une réforme injuste en faisant reposer sur les travailleurs l’essentiel de l’effort : allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge légal de départ à la retraite, baisse des pensions...
Nous voilà donc revenu en 2005 au moment du référendum sur la constitution européenne où une gigantesque campagne de propagande pour le "oui" avait déferlé sur les ondes et les écrans.

Heureusement, comme en 2005, des voix s’élèvent contre la pensée hégémonique pour recarder le débat dans des justes proportions. Cet article recoupe les principales données omises par les médias.

1 ► Les projections statistiques du COR sur 40 ans ne sont pas des prévisions !

En effet, qui peut sérieusement dire quelle sera la situation économique et démographique en 2050 ?

Ceci reviendrait à dire qu’en 1970, on aurait pu imaginer le monde tel qu’il nous apparaît actuellement. Le choc pétrolier, la chute de l’URSS, le développement du néo-libéralisme, la révolution numérique, l’augmentation de la productivité, l’effondrement de la population agricole, la tertiarisation, le chômage de masse (etc.) sont autant de phénomènes imprévisibles en 1970 qui ont influé sur la marche du monde. Toutes les prospections qui auraient pu être faites sur l’évolution de la société dans les années 1970 seraient aujourd’hui caduques. Il en sera de même pour celle réalisée aujourd’hui pour les 40 ans à venir.

Donc ce rapport est là pour montrer le déséquilibre financier du système des retraites qui aurait tendance à s’accroître à l’avenir, rien de plus. Au-delà de cette affirmation, nous sommes chez Nostradamus ou Madame soleil. Preuve en est, les chiffres sur lesquels se basent le COR pour émettre ses hypothèses sont contesté de tous bords politiques. Par exemple le taux de natalité retenu est celui de 2007 à 1,7 enfants par femme. Il semblerait que nous soyons plus proches de 2,1 à l’heure actuelle, ce qui modifie les données démographique et donc le ratio actif/retraités. De même qui peut prévoir l’évolution du taux de chômage sur 40 ans alors qu’on est incapable de le faire sur quelques mois ? Christine Lagarde, ministre de l’économie annonçait en août 2007 que "le gros de la crise est derrière nous". 3 ans après, la France a connu la récession et un taux de chômage de 10% !

2 ► La valse des chiffres.

A grand renfort de sonnettes d’alarme, on annonce des centaines de milliards de déficit du régime des retraites dans les années à venir. Plus précisément 100 milliards.

Il est naturel qu’à l’annonce de ce chiffre, on ait le souffle coupé : 100 milliards, 83 millions de smic ! Mais il est aussi malhonnête d’attiser la peur des gens comme le fait Eric Woerth en comparant ce chiffre aux prélèvements actuels de l’impôt sur le revenu (50 milliards). Effectivement, Woerth ramène les besoins dans 40 ans aux ressources disponibles aujourd’hui sans y intégrer aucunes données concernant l’évolution de la richesse du pays ou de la productivité dans les décennies à venir. Si on se base sur le COR (dont les suppositions rappelons-le sont aléatoires) cette somme représentera à peine 3% des richesses produites en 2050, c’est à dire pas grand chose : 115 milliards d’euros seraient prélevés sur 3800 milliards produits. Surtout quand on sait qu’en trente ans, le partage entre profits et salaires a basculé de 10 points en faveur du capital ! La palme de la mauvaise foi et de l’affolement revient néanmoins au journal le monde qui annonce 2600 milliards à trouver sur 40 ans sans une seule fois recouper cette somme aux 80 000 milliards qui seraient produits sur la même période ! Comparons ce qui est comparable. En année d’avant la crise, il manquait 5 milliards par ans dans les caisses de retraites. Les exonérations fiscales représentaient 30 milliards.

En résumé, le problème de financement des retraites est en grande partie une question de volonté politique. Qui va payer ces 3% de PIB ?

3 ► L’idéologie au pouvoir

Face à un tel déferlement de mensonges, on est en droit de se demander quels sont les véritables objectifs de la réforme.

Les politiques mentent quand ils affirment que le recul de l’âge légal de la retraite ou l’allongement de la durée de cotisation sont des mesures indispensables. En effet, le taux d’emplois des seniors est en dessous de la barre des 40%, ces derniers étant poussés hors du monde du travail après 50 ans. Dans le cas de l’allongement de la durée de cotisation ou du recul de l’âge de la retraite, nombre de travailleurs n’obtiendront pas les années nécessaires pour obtenir une retraite à plein taux et verronnt leurs pensions diminuer. On appauvrirait ainsi les retraités. De plus c’est une mesure qui a déjà montrée son inéfficacité lors des dernières réformes où l’allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans n’a permis que 4% des économies ! Si l’on considère que les seniors n’ayant pas atteint leur nombre d’années sont allés pointer au chômage ou à la préretraite, quelle économie a réellement été réalisée ? Aucune. Continuons, si l’on considère que les travailleurs qui travaillent plus longtemps occuperont des places qui devraient revenir aux jeunes qui subissent un taux de chômage de 25%, qu’elle avancée pour la société ? Quelle est la logique de faire trimer jusqu’à un âge avancé nos anciens alors que des centaines de milliers de jeunes ne demandent que du travail pour vivre ?

Ces réformes comme toutes celles proposés par le patronat et relayés par le gouvernement visent à entretenir une précarité de masse afin de faire accepter leurs propres règles du jeu à la société. Il faudrait travailler plus, plus longtemps, plus vieux, avec plus de flexibilité, accepter le chômage sans mot dire quand les entreprises aidées par le gouvernement pendant la crise licencient, se délocalisent et continuent de verser des dividendes monumentaux aux actionnaires.

Au cœur de la réforme des retraites, se trouve l’idéologie libérale qui ne vit que par le profit et qui voit en l’être humain un simple facteur de production pour lequel il faudrait rationaliser la productivité et minimiser les coûts sociaux. Dans ce système la précarité et le chômage sont le repoussoir qui incitent les travailleurs à accepter individuellement n’importe quelle condition de travail et à rejeter les cadres de lutte collective par résignation. C’est bien une réforme idéologique que celle des retraites qui s’annonce.

Il faut revendiquer un financement juste du système des retraites par une meilleure répartition des richesses !

Pour la version PDF, cliquez sur le fichier ci-dessous

Voir en ligne : sur le blog de l’Unef Auvergne

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