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Le risque d’une paupérisation programmée des futurs retraités

mardi 20 avril 2010

Réforme du système social : quels sont les paramètres à prendre en compte ?

« Une réforme qui n’envisage pas toutes les possibilités est une réforme faussée. »

Depuis 1987 la question sur l’avenir des retraites fait débat. Aujourd’hui, hommes politiques, économistes et syndicats nous alertent sur l’impasse financière à laquelle nous conduit la situation actuelle des retraites. Le feuilleton de la réforme se poursuit tous les trois ou cinq ans, et la fin du sixième épisode est prévue pour l’automne 2010.

Quels en sont les enjeux  ?

Conçu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, notre système de retraite par répartition, selon lequel les retraites sont payées par les cotisations des actifs occupés, subit aujourd’hui des déficits considérables  : près de 10 milliards d’euros en 2010.

Plusieurs causes en sont à l’origine  : vieillissement démographique, allongement de l’espérance de vie, montée vertigineuse du chômage, précarité des emplois et croissance économique poussive. Ces variables démographiques et économiques aggravent le déficit du régime de retraite et compromettent son avenir.

Sa réforme est, certes, incontournable mais quels sont les paramètres à prendre en compte pour déterminer ses principales orientations  ? La réforme engagée tourne autour de deux axes  : l’allongement de la durée de cotisation et le prolongement de l’âge de départ en retraite au-delà de 60 ans. L’enjeu démographique reste toujours le déterminant substantiel des propositions comptables envisagées. Cette hypothèse démographique sert de base à la réforme des retraites pour justifier la nécessité de ces deux pistes.

Face à l’augmentation de l’espérance de vie et de l’arrivée massive de retraités des générations du baby-boom, augmenter la durée des cotisations permet de maintenir durablement le niveau de financement des caisses de retraite sous couvert d’une conjoncture économique favorable, ce qui n’est malheureusement pas le cas depuis la crise. En prolongeant la vie active, une telle mesure conduit inéluctablement les actifs ayant commencé à travailler après l’âge de 20 ans à prendre leur retraite à 63 ans ou 65 ans, voire même 67 ans. Or, selon la pénibilité de leur métier, la plupart de ces actifs ne pourront pas travailler au-delà de 60 ans et seront donc contraints de cesser leur activité avec des pensions réduites à défaut de durées de cotisation suffisantes.

Cette dégradation sociale fait courir le risque d’une paupérisation de plus en plus forte des futurs retraités et d’une accentuation des inégalités sociales entre les générations. Elle pénalise l’emploi des jeunes en maintenant encore plus longtemps les plus âgés dans la vie active, et affaiblit ainsi le ratio emplois-retraités. Alors faut-il au nom de la fatalité démographique continuer dans cette seule voie engagée depuis 1993 malgré un regain du taux de fécondité en France de 2,1 enfants garantissant le renouvellement des générations  ?

L’équilibre financier d’un système de retraite ne dépend pas seulement du paramètre démographique, d’autres sont en prendre en compte. Il ne fait aucun doute que la contrainte démographique pèse sur cet équilibre, mais l’évolution de l’emploi et de la croissance économique est déterminante pour la réduire.

Pourquoi ne pas les prendre en compte dans la réforme  ?

La réforme des retraites doit être juste socialement et soutenue économiquement par une politique de l’emploi privilégiant en priorité celui des jeunes et des seniors. Ce qui nécessite un changement radical de comportement des entreprises à l’égard des jeunes et des plus âgés. Or, tant qu’elles continueront à développer des emplois précaires pour les jeunes et favoriser les départs anticipés des seniors, l’avenir de notre système de retraite sera compromis. La question des retraites impose de faire un choix de politique économique et de solidarité sociale pour préparer la société de demain.

Pour la rendre plus juste, on peut envisager de calculer la durée de cotisation en fonction de la pénibilité des métiers. Il est juste d’attribuer des droits en durée selon le degré de pénibilité car il est possible dans certaines activités de travailler plus longtemps que dans d’autres. Cette flexibilité de la durée, tout en respectant globalement une moyenne de 40 années de cotisation, doit être associée à une véritable politique de l’emploi afin de maintenir un ratio emplois-retraités le plus élevé possible garantissant la pérennité de l’équilibre financier et le maintien du taux de remplacement autour de 80 %.

Avec une croissance économique plus soutenue et un taux d’emploi élevé, il sera plus facile d’augmenter les cotisations sans amoindrir le pouvoir d’achat des actifs et la compétitivité des entreprises, à condition qu’une partie de cette richesse supplémentaire produite profite davantage aux salariés.

Ce n’est qu’à cette condition que notre système de retraite pourra relever le défi démographique. À défaut, la paupérisation programmée des futurs retraités pourrait inciter les jeunes générations à se tourner peu à peu vers la capitalisation.

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