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La dette publique est un mécanisme de redistribution à l’envers qui permet, en plus, de justifier le démantèlement des services publics

mardi 2 août 2011, par André Martin

A quoi sert la dette publique ? A qui profite-t-elle ?

« La dette publique est un héritage empoisonné que nous laissons à nos enfants … L’Etat et les Français vivent au dessus de leurs moyens … Il n’y a pas d’autres solutions que de réduire les dépenses publiques … ».

Si les déficits publics sont réels et élevés, ces affirmations ne permettent de comprendre ni les 3 causes principales de la dette, ni l’utilisation idéologique qui en est faite.

En effet, l’augmentation continue de la dette ne provient pas d’une dérive des dépenses publiques qui sont restées stables (voir décroissantes) en pourcentage du PIB, sur toute la période de 1993 à 2008. Comme on peut le voir sur le graphique « Evolution du taux de dépenses publiques » à la page 9 du rapport de juin 2010 du député UMP Gilles CARREZ consultable sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000424/index.shtml . Alors que la dette publique passait de 46% du PIB en 1993 à 68% du PIB en 2008.

Extrait du rapport de Gilles Carrez :

« Entre 2000 et 2009, le budget général de l’État aurait perdu entre 101,2 (5,3 % de PIB) et 119,3 milliards d’euros (6,2 % de PIB) de recettes fiscales, environ les deux tiers étant dus au coût net des mesures nouvelles – les baisses d’impôts – et le tiers restant à des transferts de recettes aux autres administrations publiques – sécurité sociale et collectivités locales principalement. »

Voir aussi la décomposition des « 140 milliards d’exonérations sociales et fiscales »

Tout ceci démontre de façon irréfutable que la diminution délibérée des recettes de l’Etat est l’une des 3 causes principales de l’accroissement de la dette.

La 2nde cause est le mécanisme de la création monétaire très bien expliquée dans la vidéo de 6 minutes à visionner sur http://www.mrquelquesminutes.fr/#dettepublique_video

La 3ème cause étant l’évasion fiscale et les paradis fiscaux.

Pour que les Etats puissent continuer à s’endetter il faut qu’il y ait des prêteurs. Pour ces derniers, la dette publique est un placement lucratif . En France, ce sont entre 40 et 50 Md€ d’intérêts qui sont versés chaque année aux créanciers de l’Etat. Cette somme énorme pourrait augmenter très vite, en cas de relèvement des taux d’intérêt suite à une dégradation de la note de la France par les agences de notation.

Les enfants des générations futures n’hériteront pas tous d’une dette, puisque les enfants des créanciers de l’Etat hériteront eux de ces créances. Quant aux dettes privées contractées par les ménages, elles présentent au moins une similitude avec les dettes publiques : les intérêts payés par l’emprunteur contribuent à son appauvrissement et à l’enrichissement du prêteur.

La dette publique est non seulement un mécanisme de redistribution à l’envers, mais elle permet de justifier un démantèlement continu des services publics

Les politiques d’exonérations fiscales menée depuis 10 ans ont obligé les administrations publiques, pour financer les déficits ainsi créés, à s’endetter auprès des ménages aisés et des marchés financiers . Non seulement les baisses d’impôts ont augmenté le revenu disponible de ceux qui en avaient le moins besoin, mais elles leur permettent d’accroître encore leurs revenus grâce aux intérêts perçus sur leurs placements. Ces intérêts étant bien entendu payés par l’impôt prélevé sur tous les contribuables.

Au total s’est mis en place un mécanisme de redistribution à l’envers, des classes populaires vers les classes aisées. La contrepartie de la dette publique est toujours de la rente privée.

Ces 50 milliards d’euros d’intérêts versés aux créanciers (15 % du budget de l’Etat) contribuent à accroître encore le déficit. Ce qui permet de justifier de nouvelles coupes budgétaires dans les services publics (école, santé, justice, retraites …) qui seront progressivement remplacés par des services privés, lucratifs et inégalitaires d’accès.

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