(Actualisé en 2023)
L’idéologie Tatcher - Reagan - Medef - Sarkozy - Valls - Macron du « Travailler plus pour gagner plus » était déjà à l’origine du chômage de masse et de la crise. Elle apparait clairement aujourd’hui comme une arme de destruction massive des écosystèmes et de l’habitabilité de la planète. Voir le livre d’Hervé Kempf paru en 2007 "Comment les riches détruisent la planète"
Un peu d’histoire.
Avant 1981, toute entreprise qui voulait faire travailler ses salariés en heures supplémentaires devait solliciter, chaque année, l’accord de l’inspection du travail. Cette procédure de contrôle permettait notamment à l’inspection du travail de refuser des plans de licenciements à des entreprises qui recourraient abusivement aux heures supplémentaires. Cette dérégulation progressive du temps de travail a conduit les entreprises à faire du nombre de postes de travail la seule variable d’ajustement des fluctuations économiques. Alors que le principe de solidarité aurait du conduire à faire fluctuer les durées du travail comme les fluctuations économiques subies par les entreprises : baisser la durée moyenne du temps de travail en période de récession ou de chômage élevé et inversement. A ce refus de solidarité s’est ajouté le refus de prendre en considération des faits peu contestables, tels que l’accélération des gains de productivité et l’augmentation du pourcentage des femmes souhaitant travailler. Enfin, alors que le retour à des taux de croissance de nature à faire baisser significativement le chômage est une illusion depuis 20 ans et que cela a peu de chances de changer dans les décennies à venir, des irresponsables continuent à mentir aux Français en promettant plus de croissance, comme unique remède au chômage .
Michel Rocard écrivait en 4ème de couverture de son livre « Les moyens d’en sortir » publié en 1997 : « L’inexorable montée du chômage démontre l’inefficacité de toutes les techniques utilisées pour le combattre … On ne luttera efficacement contre le chômage massif que par la réduction massive du temps de travail. Toute la question est : comment faire ? ».
Mais l’idéologie de droite – répandue également dans certains partis de gauche - s’est toujours opposée à une répartition plus équitable du temps de travail entre ceux qui se ruinent la santé au travail et ceux qui n’ont pas d’emploi, ou seulement des petits boulots précaires. Ce refus était basé sur l’affirmation aussi dogmatique qu’infondée selon laquelle « le temps de travail ne se partage pas ». Avec le « travailler plus pour gagner plus » on franchit un degré supplémentaire dans le cynisme. Ce n’est plus l’employeur qui s’oppose à une réduction du temps de travail génératrice de plus d’emplois. C’est le salarié qui est invité, s’il veut gagner plus, à plus d’individualisme et à s’asseoir sur la solidarité et l’intérêt général.
Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que l’idéologie Sarkozy-Valls-Macron du « Travailler plus pour gagner plus » est responsable de la persistance d’un chômage de masse ou d’une uberisation toujours plus grande de l’emploi (le taux des salariés en CDI est passé de 94 % en 1982 à 74 % en 2021 !). Mais aussi du développement de l’individualisme, au mépris de l’intérêt général. Et maintenant de notre échec collectif à préserver l’habitabilité de la planète.
Rappelons enfin que le contrat de travail en jours sans aucune référence horaire, légalisé en 2000 dans la 2nde loi Aubry, a conduit à ce que plus de 3 millions de salariés soient corvéables à merci.
Circonstances aggravantes pour ces « responsables » irresponsables : leur idéologie a également conduit à la crise. Car le chômage de masse est, avec la dérégulation financière, la cause première de la crise. Et non la crise qui est la cause du chômage, même si, bien entendu, elle l’augmente. C’est en effet la persistance d’un chômage de masse pendant 30 ans qui a conduit, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, à un transfert de 10 points de PIB des salaires vers les profits. Ce déficit de pouvoir d’achat des salaires a du être compensé par un accroissement continu de l’endettement des ménages et des Etats, afin de maintenir un minimum de croissance et éviter une explosion du chômage. Cette croissance artificielle basée sur un accroissement continu de l’endettement ne pouvait que conduire les économies dans le mur. L’engrenage prévisible et inéluctable s’est enclenché lorsqu’en 2007 la bulle immobilière a commencé à se dégonfler aux USA entraînant la crise des subprimes, puis crise financière, puis crise économique et sociale généralisée.
Pour des informations plus détaillées et chiffrées, voir
· le diaporama « Comprendre le chômage et les causes de la crise » sur http://www.retraites-enjeux-debats.org/spip.php?article513
· "Les Français n’ont pas besoin de travailler plus longtemps, mais de travailler tous !" , une Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy publiée en août 2010 sur http://www.retraites-enjeux-debats.org/spip.php?article316
A propos du « coût des 35 heures »
A la fin des années 90, donc avant les lois Aubry sur la réduction du temps de travail, la droite, le Medef et beaucoup de dirigeants socialistes estimaient que de nouveaux allègements des charges sociales sur les bas salaires étaient nécessaires, afin de limiter les délocalisations vers les pays à main d’œuvre bon marché. Le gouvernement Jospin/Aubry/DSK a simplement eu l’habilité, à l’occasion de la loi instaurant la durée légale à 35 heures, de conditionner l’attribution de ces nouveaux allègements de charges à la signature d’accords d’entreprise sur la RTT. Pour les bas salaires, ces allègements ont plus que compensé le surcoût temporaire que représentait, pour les entreprises, une RTT sans baisse de salaire. La droite et le Medef exigeaient ces exonérations, mais s’opposaient à toute RTT. Il est donc abusif et malhonnête de qualifier ces exonérations de charges de « coût des 35 heures ».
Le gouvernement Fillon répète que les 35 heures sont déjà mortes et enterrées, suite aux multiples lois votées depuis 2002 pour les « assouplir ». Si certains parlent encore aujourd’hui du « coût des 35 heures », c’est simplement que les gouvernements de droite ont vidé de son contenu la 2nde loi Aubry incitative à la RTT, tout en maintenant les avantages qui avaient été accordés en contre-parties aux entreprises (allègements de charges, annualisation du temps de travail, contrats de travail en jours …). Les députés de droite sont donc seuls responsables de ce qu’ils osent nommer « le coût des 35 heures ».
andré martin - animateur du site http://www.retraites-enjeux-debats.org/
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