Le bras de fer autour de la réforme des retraites s'est durci vendredi 15 octobre, avec le déblocage de dépôts d'hydrocarbures ordonné par l'Elysée et la poursuite de la fronde lycéenne, avant deux nouvelles journées de mobilisation, samedi et mardi.
- Raffineries
L'oléoduc approvisionnant notamment en carburants les aéroports d'Orly et de Roissy ne fonctionnait plus vendredi matin, n'étant plus fourni par la raffinerie Total de Grandpuits en Seine-et-Marne, en grève depuis plusieurs jours.
D'autre part, les autorités ont fait intervenir les forces de l'ordre pour libérer les accès de trois dépôts au petit matin à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Bassens (Gironde) et Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), afin de prévenir le risque de pénurie de carburants. Deux autres sites, bloqués depuis l'aube à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) et à Lespinasse près de Toulouse, ont été débloqués, également dans le calme.
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"On ne peut pas se permettre une pénurie d'essence, il faut penser à toutes celles et tous ceux d'entre nous qui ont besoin de se déplacer", a justifié le secrétaire d'Etat aux transports Dominique Bussereau. La décision de déblocage a été prise jeudi soir lors d'une réunion autour du président Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
De nouveaux dépôts ont été aussitôt bloqués par des manifestants, au Mans (Sarthe), à Caen, à Ouistreham (Calvados), à La Rochelle et à Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours. Vendredi, les 12 raffineries de métropole étaient en grève.
- Lycées
A l'autre pointe de la mobilisation, du côté des lycéens, 306 établissements étaient perturbés, soit 7,1 % du total, un peu moins que la veille, selon le ministère de l'éducation nationale. 900 établissements étaient mobilisés, dont 550 bloqués, selon l'Union nationale lycéenne (UNL), qui avait appelé à une journée d'actions jeudi, marquée par des violences entre jeunes et policiers.
Ils étaient, selon la police, 3 000 à défiler à Tours, 2 500 à Reims, 1 600 à Nantes, un millier à La Rochelle, Lyon, Orléans et Versailles, 800 à Béthune, 700 à Rennes, 500 à Angoulême, Arras, Bordeaux, Boulogne, Epernay, Nice et Saint-Nazaire, ainsi que 3 000 dans les principales villes du Nord et plusieurs centaines à Paris et Marseille.
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Les manifestations ont été émaillées de nombreux incidents, avec des blessés côté lycéen comme policier, et des dégradations dues le plus souvent à des "casseurs", dont 264 ont été interpellés selon le ministère de l'intérieur.
A Lyon, des abribus et des arrêts de tramways ont été dégradés, et 16 personnes interpellées. Des voitures ont été caillassées à Toulouse et deux lycéens blessés à Brest et à Fresnes (Val-de-Marne) au cours de manifestations. Une proviseure adjointe a également été légèrement touchée à Bordeaux et une policière blessée à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), par le caillassage de sa voiture.
Le lycéen de 16 ans qui a été grièvement atteint à l'œil par un tir de Flash-Ball, jeudi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), a été admis à l'hôpital parisien Lariboisière où il devrait être opéré dans les prochains jours. Il souffre de multiples fractures à la pommette, au nez et au sinus.
Vidéo du lycéen blessé par un tir de Flash-Ball à Montreuil
envoyé par rue89. - L'info video en direct.
A la suite de l'incident, la préfecture de police de Paris (PP) a suspendu l'usage du Flash-Ball et la maire de Montreuil, Dominique Voynet (Verts), entend porter plainte et saisir la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).
> Lire : Que vient faire un tir de Flash-Ball dans une manifestation lycéenne ?
"La journée de jeudi a été une sorte de tournant, a commenté le président de l'UNL. Le gouvernement a joué la carte de la répression, mais l'UNL appelle à se montrer plus fort que le gouvernement et à ne pas répondre par de la violence. Il faut continuer à se mobiliser sur le thème de la retraite."
> Lire : Lycéens : Hortefeux demande de "limiter l'usage de la force au strict nécessaire" sur le blog d'Arnaud Leparmentier.
- Transports
A la SNCF, le trafic s'est amélioré vendredi, mais l'entreprise conseille cependant le report des voyages vers le Sud ce week-end. Le nombre de grévistes continue de diminuer (15,5 % selon la direction, 28,4 % selon la CGT Cheminots).
Samedi et dimanche, deux TGV sur trois circuleront en moyenne sur les trajets au départ ou à l'arrivée à Paris, avec un trafic allégé dans le Sud en raison de difficultés locales. Il y aura un train sur quatre en moyenne sur les TGV de province à province, et un train Corail sur trois.
Le service devrait être normal sur Eurostar, mais en raison d'une grève de la SNCB dimanche à partir de 22 heures et lundi 18 octobre, tous les Thalys sont supprimés. Les TGV Belgique-province n'iront pas plus loin que Lille. Le trafic sera quasi normal pour l'Allemagne et il faut compter sur neuf trains sur dix pour la Suisse.
En savoir plus : se connecter sur www.sncf.com et www.infolignes.com pour tous les trafics, www.abcdtrains.com pour les prévisions Transilien par gare ; numéros verts : 08 05 90 36 35 pour Grandes lignes (TGV), TER, Téoz et Intercités, 08 05 70 08 05 pour Transilien.
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