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Avis de tempête sur le climat social

Imperturbablement, Eric Woerth va présenter au conseil des ministres du 13 juillet son avant-projet de loi sur la réforme des retraites.

Le Monde

Publié le 10 juillet 2010 à 13h26, modifié le 10 juillet 2010 à 13h26

Temps de Lecture 2 min.

Imperturbablement, Eric Woerth va présenter au conseil des ministres du 13 juillet son avant-projet de loi sur la réforme des retraites. La journée d'action syndicale (réussie) du 24 juin n'a pas fait bouger d'un iota le calendrier. Et l'intersyndicale CFDT-CFTC-CGT-FSU -Solidaires-UNSA hausse le ton, pariant sur "une mobilisation de haut niveau" le 7 septembre, à l'ouverture du débat parlementaire.

Le 7 juillet, les six syndicats ont réaffirmé, dans une déclaration commune, leur opposition à une réforme jugée "injuste et inacceptable". Ils n'en réclament pas le retrait, mais veulent être écoutés "dans le cadre d'un vrai débat, refusé jusqu'à ce jour". Ils se gardent bien de se mêler de l'affaire Woerth-Bettencourt, et encore moins de demander la démission du ministre du travail.

Mais les syndicats voient aussi dans la crise de confiance que traverse le pays la traduction du sentiment d'injustice et d'iniquité que ressentent de plus en plus de salariés. C'est au moment où sont annoncées de nouvelles coupes dans les dépenses sociales que remontent à la surface, au-delà de l'affaire elle-même, des chiffres indécents sur les grosses fortunes, les évasions de capitaux ou les privilèges que le bouclier fiscal garantit à ceux qui sont les plus riches.

Les syndicats sont loin d'être assurés de réussir leur pari du 7 septembre. Mais, alors que le climat social est lourd d'inquiétudes et de colères, le gouvernement joue une partie dangereuse. Comme s'il ne se souciait guère de syndicats jugés trop faibles - autour de 8 % de syndiqués - pour infléchir sa politique. Sauf qu'ils veillent à la cohésion sociale et tentent d'éviter que la grogne emprunte des voies plus radicales. Dans ce contexte, il était plus qu'imprudent d'infliger, le 7 juillet à l'Assemblée nationale, un sévère camouflet au syndicalisme. Ce jour-là, les députés UMP ont rejeté un amendement prévoyant la création - facultative et hors des entreprises - de commissions paritaires régionales de dialogue social dans les très petites entreprises (TPE). Jean-François Copé a mené la fronde en s'opposant ainsi au ministre du travail.

Ce texte n'avait pourtant rien de révolutionnaire. Il ne s'agissait pas d'imposer des délégués du personnel ou des délégués syndicaux dans les TPE. Le but était, comme s'y engageait la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale, de ne pas maintenir à l'écart du dialogue social près de 4 millions de salariés. Alors que la majorité des litiges examinés par les conseils de prud'hommes viennent des TPE, cette réforme visait à corriger une discrimination.

Ce vote relève sans doute d'un jeu de rôles au sein de l'UMP. Mais c'est aussi un jeu d'apprenti sorcier. Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, y a perçu "un fort mépris à l'égard du syndicalisme et un déni de son rôle dans la société". On ne peut pas souhaiter, comme Nicolas Sarkozy l'avait écrit dans Le Monde (19 avril 2008), des "syndicats forts et responsables" et les affaiblir en ne les écoutant pas ou, pire, en les ignorant. A moins de croire qu'on peut toujours souffler sur les braises sans craindre qu'il en résulte, un jour, un incendie.

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