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Faillite grecque et problème des retraites en France

Publie le mardi 4 mai 2010 par Open-Publishing
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La crise du néo libéralisme en Europe, -hors Allemagne pour le moment-, qui révèle les traits les plus nocifs de ce système dominant, est irrémédiable. Parce que l’on se situe à une espèce de stade ultime du capitalisme, que l’on peut voir comme une perversion un peu folle d’ailleurs. Et parce que le résultat de l’application, relativement récente finalement, dans une version « intégriste » en Europe, (d’autres pays capitalistes évitent cette version ultime, les USA en premier lieu et les néo états bourgeois comme la Russie, la Chine..) du néo libéralisme, a conduit et va conduire plus encore à un désastre.

L’argent, -la monnaie-, est installé par le néo libéralisme dans un quasi statut de déification auquel on sacrifie tout. Ce n’est pas un hasard si dans le traité constitutionnel de Lisbonne, comme dans le projet de TCE, le chapitre des droits de l’homme, -droits fondamentaux, droits du travail, droits sociaux…-, est réduit à sa plus simple expression. Ainsi s’envole la tradition humaniste séculaire des pays d’Europe.

Là, le système se grippe. Les « Subprimes » et autres produits financiers dérivés liés aux prêts immobiliers, ont commencé à amorcer la crise de fonctionnement. La réaction des états européens et de la France en particulier, a été de cautionner les Banques privées, au prix du creusement de leurs déficits, et non pas d’injecter directement des finances dans l’appareil économique pour qu’il ne subisse pas le contre coup de ce Krach…

Le brillant résultat est le renflouement des Banques... Et, évidemment, des problèmes aggravés de déficits au niveau des États, ainsi qu’un nouveau recul du pouvoir d’achat qui bloque également l’économie. Pour situer le problème, on rappellera que les intérêts annuels de la dette dans le budget de l’Etat, en France, sont supérieurs au financement total de la Recherche.

Tout cela a pour effet de dévoiler la réalité du système néo libéral installé en Europe avec la complicité des gouvernements de droite, mais aussi de Gauche [chez nous : Mitterrand puis la gauche plurielle qui a notamment monnayé à bas prix des actifs de l’Etat, accepté Barcelone, Lisbonne déjà….].

Ce système Ultra libéral a peu à peu remplacé, dans le cadre d’une vraie révolution silencieuse installant une nouvelle constitution ainsi que des institutions adaptées à son hégémonie, et qui a été ignorée par la plupart des analystes de « gauche », le système précédent, de type Keynésien et que l’on a qualifié de capitalisme d’Etat (on va presque le regretter).

Cela conduit le système ultralibéral européen à entamer une vaste opération de mise au pas des peuples. La Grèce n’est pas tombée dans ce maelström du fait de ses seuls déficits, qui ne sont peut-être pas les plus rédhibitoires (la voix officielle reconnait qu’au moins l’Irlande a une position encore plus précaire, mais toujours selon cette explication du pouvoir lui-même, ce pays bénéficie, pour l’instant, de sa proximité et de sa complaisance vis-à-vis du néo libéralisme). Donc, c’est le système de la grande finance qui a sélectionné la Grèce par l’intermédiaire d’agences dites de notations pour les marchés, « grandes prêtresses » du système en quelque sorte. C’est en fait une véritable épreuve de force parce qu’il peut y avoir un effet boomerang..

Par exemple, si le peuple grec se saisit de son problème et trouve lui-même des solutions qui ne peuvent être que la sortie du néo libéralisme. En commençant par la sortie de l’euro qui, de toute manière selon des oracles officiels, semble condamné.

Dieu merci, il y a un socialiste un peu corrompu au pouvoir ! On ne laisse rien au hasard.

Dans notre pays les hostilités ont également commencé. Et, justement elles ont été précédées par une campagne idéologique multiforme et de grande envergure, axées sur les déficits et la nouvelle longévité de la vie. Là, comme en Grèce les déficits justifieraient un important recul social.

La Grèce va donc être mise sous une double tutelle, - le FMI et les institutions européennes-, qui va dépouiller l’Etat Grec de ses prérogatives et imposer au peuple grec un recul sans précédent de tous les acquis sociaux.

Est-ce réellement pour sortir la Grèce de son impasse ? Absolument pas.

La voix officielle dit d’ailleurs que la Grèce ne s’en sortira pas. Et comment pourrait-elle s’en sortir dans ce cadre imposé ? Son PIB est de l’ordre de 170 milliards d’euros et on lui prête, avec des taux d’intérêt exorbitants, 110 milliards d’euros dont le tiers à rembourser rapidement.

Pour voir une partie de l’effet domino, on regarde le cas de la France. L’Etat français va prêter, sans aucun cadeau, 16 milliards d’euros à la Grèce qui vont évidemment manquer à son budget. Soit on laisse ce capital bloqué et c’est évidemment des déficits non couverts, des investissements non réalisés.. donc un certain blocage économique, soit, quel régal pour les marchés, la France emprunte cet argent, aux Banques privées donc, pour pouvoir engager des grands travaux par exemple..

Précédemment, l’argent qui a servi à cautionner les Banques a obligé à différer des engagements de budget de recherche, puisqu’aussitôt récupérée une partie de ces fonds a été affectée à la Recherche (pas une mauvaise chose en soi, mais insuffisant au niveau du budget).

Il y a aussi les échanges commerciaux qui vont décliner avec la Grèce, ce qui finira par atteindre l’Allemagne si le phénomène se propage à d’autres pays européens comme il est probable.

Une parenthèse sur le PIB. C’est un indice économique qui a perdu beaucoup de sa signification. Par exemple, dans le cas de la Grèce qui est un pays agricole, l’Agriculture ne pèse que quelques pour cent dans le PIB, même si elle emploie plus de 10% des travailleurs. Comme ce n’est pas un grand pays industriel, on en déduit que l’essentiel du PIB, c’est : le commerce, les services et le Tourisme.

Pour le moins, une trop grande part de services dans le PIB ne donne pas une économie très saine. C’est un autre facteur qui montre que l’économie grecque ne peut pas sortir de son marasme, toutes choses égalent par ailleurs (c’est-à-dire maintien de l’adhésion au néo libéralisme européen).

En France, la bataille idéologique sur les retraites semble très mal engagée. Notamment parce que les partis politiques de « gauche » ou de « gauche de gauche » traitent le problème comme des super syndicats et non comme des partis politiques à qui il incombe de proposer une issue politique au problème.

Et c’est bien d’un problème politique qu’il s’agit.

Par exemple, on lit dans leurs tracts : il faut taxer les dividendes, les stocks options, les capitaux spéculatifs … Si, sans changer de système politique on pouvait le faire, cela aurait déjà été fait. La taxe Tobin qui date des années 90 est une nécessité reconnue par beaucoup de mouvements, pas seulement de « gauche ». Pratiquement pour la mettre en place il faut connaitre et maîtriser les flux de capitaux vers les paradis fiscaux et les places financières. Ce qui exige, au moins, des Banques publiques ayant l’exclusivité des transferts de fonds, contrôler sa monnaie. Donc il faut s’attaquer au cœur du système financier et changer de système….

Si l’on ne répond pas aux attaques du néo libéralisme par la mise en avant d’un programme de rupture avec ce système : sortie de l’euro, contrôle des changes et des flux, -Banques publiques-, relance de l’industrie et de l’agriculture (re nationalisations), de la Recherche, avec obligatoirement un protectionnisme adapté.. la bataille va malheureusement être perdue pour longtemps, avec de très lourdes conséquences pour notre peuple et notre pays.

JM Berniolles

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