Claquements de portes au Medef

mardi 18 janvier 2011

(article publié sur http://www.cgt.fr/spip.php?article38015)

Eric Verhaeghe, directeur des affaires sociales de la puissante Fédération française des sociétés d’assurance, a annoncé qu’il démissionnait de tous les mandats qu’il exerce au nom du Medef. Dans un livre qui fait grand bruit ("Jusqu’ici tout va bien"), il écrit : "Le Medef n’a pas tiré les leçons de la crise. [...] La cause de la crise est dans la baisse du coût du travail. Il faut sortir de cette logique."

Président de l’Association pour l’emploi des cadres depuis juillet 2009, membre des conseils d’administration de l’Agirc, de l’Acoss, de la Cnav, de l’Unedic et de Pôle emploi, Eric Verhaeghe n’est donc pas le premier venu. Et sa démission, comme son brulôt, sont largement commentés dans la presse. Ainsi Les Echos notent que "si sa démission de l’APEC est due, selon lui à l’immobilisme et à une bonne part de ... mauvaise foi de la part de l’organisation patronale : " (...) depuis plus d’un an, (il) propose de réformer les structures de l’Apec » afin de les mettre en adéquation avec le droit européen et qu’il « ne se retrouve pas » dans le projet d’accord qui a été soumis par le patronat aux syndicats le 21 décembre sur le sujet".

L’Argus de l’Assurance relève que dans son livre, il critique les positions de l’organisation de Laurence Parisot et plus largement certaines dérives de la société. " Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique."

L’Expansion et Challenge citent des passages de ce livre à charge contre la politique du Medef.

L’Expansion : " (...) Point de départ de sa réflexion : la crise de 2008 et l’attitude des grands patrons, à ce moment surtout préoccupés, selon lui, par la préservation de leurs avantages ( ...) Alors que les entreprises allaient mal, que des charrettes de licenciements étaient annoncées, une seule chose occupait les esprits : la situation juridique des dirigeants ( ...) sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l’a capté à son profit »
Le discours sur le coût du travail en France (trop élevé selon le patronat) en particulier, l’inquiète : « En pesant sur les conditions de vie des salariés, on pousse ceux-ci à s’endetter pour vivre. Or, la crise a démontré les dangers de l’endettement ». Il défend aujourd’hui l’idée que les « élites doivent assumer leur part d’effort » pour redresser la situation financière du pays : « Le niveau atteint par la dette ne permet plus de financer des baisses d’impôts ciblées sur les plus hauts revenus (...) "

Challenge : " (...) Il est dangereux de répéter à l’envi que le coût du travail est trop élevé", ce qui aboutit à la "modération salariale" et à l’endettement "massif" des salariés et favorise socialement "l’extrémisme" (...) Face à la crise, le monde patronal doit assumer ses responsabilités, prendre sa part d’effort et ne pas chercher à alléger au maximum son fardeau en le transférant sur la majorité laborieuse (...) Sur un plan moral, lance-t-il, "rien ne justifie que le remboursement de la dette soit assumé par les plus bas revenus" qui en "profitent le moins" Il appelle les élites à "ne pas se comporter comme une noblesse d’ancien régime" et les exhorte à "un sursaut républicain (...) "

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