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Retraites : tension accrue entre poursuite des actions et fermeté gouvernementale

Les actions coup de poing se sont poursuivies mercredi ; le gouvernement a fermement indiqué qu'il "ne cédera[it] pas à la pression de la rue".

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 20 octobre 2010 à 21h54, modifié le 21 octobre 2010 à 07h48

Temps de Lecture 4 min.

Gendarmes mobiles et manifestants face à face, à Donges, en Loire-Atlantique, le 20 octobre 2010.

La ferveur syndicale et populaire contre la réforme des retraites, qui s'est traduite mardi 19 octobre par une sixième journée d'importantes manifestations depuis le début de septembre, a gagné mercredi le Sénat. Alors que près d'un millier de lycéens et militants ont manifesté à la mi-journée devant la Haute Assemblée, la gauche a demandé la suspension de l'examen de la réforme, qui doit être prochainement voté.

"Nous en appelons solennellement au président de la République : suspendez le débat, reprenez le chantier, saisissez ce moment, agissez avec sagesse", a lancé dans l'Hémicycle le président du groupe PS, Jean-Pierre Bel, entouré de l'ensemble des sénateurs de l'opposition. "Ecoutez ce qui se passe, la demande raisonnable des organisations syndicales : reprendre les négociations !" a poursuivi Nicole Borvo Cohen-Seat, présidente du groupe communiste et du parti de gauche (CRC-SPG).

"Nous ne suspendrons pas les débats au Sénat, c'est une drôle d'idée", a aussitôt répondu le ministre du travail, Eric Woerth. "Le Sénat va voter ce texte et ce moment approche", a-t-il lancé, demandant à l'opposition de "garder son calme". Le calme, pourtant, n'est pas à l'ordre du jour mercredi, alors les actions des grévistes, des syndicats et de la jeunesse ont continué à perturber le fonctionnement du pays.

DÉGRADATIONS À LYON

A Lyon, des scènes de violence ont amené le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, à effectuer une courte visite dans l'après-midi (dont le déroulement a été fortement critiqué par le maire PS Gérard Collomb). Près de huit cents policiers ont été mobilisés dans le centre-ville pour contenir les dizaines de jeunes qui se sont livrés à des dégradations et à des combats de rue avec les autorités.

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Des violences qui ont également touché Nanterre (Hauts-de-Seine) et les alentours du lycée Joliot-Curie, où des centaines de jeunes ont affronté la police pour la troisième journée d'affilée. Ces affrontements ont aussi touché les villes de Mulhouse, Trappes, Sartrouville, toujours menés par des casseurs qui profitent, comme depuis des années, des blocages de lycées et des manifestations. La journée a connu une baisse dans les mouvements lycéens, avec cent soixante-dix-huit établissements d'enseignement secondaire dont le fonctionnement a été perturbé par des élèves, selon le gouvernement (six cents selon l'Union nationale lycéenne).

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TROIS MILLE CENT QUATRE-VINGT-DIX STATIONS-SERVICE VIDES

La pénurie d'essence était toujours à l'ordre du jour dans de nombreuses régions alors que les douze raffineries de la métropole continuent à être bloquées par des mouvements en grève. Lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée, le ministre de l'écologie et de l'énergie, Jean-Louis Borloo, a indiqué que trois mille cent quatre-vungt-dix stations-service étaient "momentanément vides", et que mille sept cents étaient "en difficulté sur un des produits" sur les douze mille trois cent onze fournisseurs d'essence français.

Dans la matinée, Nicolas Sarkozy a ordonné le déblocage de "la totalité des dépôts" de carburant "afin de rétablir au plus tôt une situation normale", dans une déclaration au conseil des ministres : "pour des millions de nos concitoyens, les transports constituent une question vitale. Il s'agit là d'une liberté fondamentale", a déclaré le chef de l'Etat.

Les dépôts pétroliers de La Rochelle, du Mans et de Donges, en Loire-Atlantique, ont ainsi été débloqués dans la nuit, avec l'intervention des forces de l'ordre. Mais celui de Donges a été aussitôt rebloqué puis partiellement libéré. Ceux de Caen, Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) et Brive ont été bloqués puis débloqués, tandis que ceux de Ouistreham (Calvados), Brest, et Illzach (Haut-Rhin) sont toujours paralysés. Des va-et-vient qui traduisent la stratégie des grévistes, qui ont toute la journée joué au au chat et à la souris avec la police lors d'actions ciblées, entre blocages, piquets de grève, barrages filtrants et opérations escargot sur les routes.

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ACCÈS AUX TERMINAUX PERTURBÉS

Ces actions ont également touché au début de la journée les aéroports. Des rassemblements de centaines de personnes ont perturbé les accès aux terminaux à Roissy et Orly, et ont partiellement bloqué les aéroports de Toulouse-Blagnac, Nantes et Clermont-Ferrand. Les transports français continuent par ailleurs d'être touchés par les mouvements internes de grévistes : deux TGV sur trois ont circulé mercredi, selon la SNCF, qui a compté 15,68 % de salariés en débrayage (un chiffre que la CGT revoit à 28,70 %). En Ile-de-France, toutefois, le trafic était normal sur les réseaux métro, bus et tramway, et "quasi normal" sur le réseau RER (RER B perturbé).

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De nombreuses perturbations ont eu lieu en raison d'actions de blocage des voies ferrées, par exemple à Nantes et Clermont-Ferrand. La pénurie menace également le fonctionnement normal des autocars, la Fédération nationale des transports de voyageurs estimant que le manque d'essence pourrait contraindre les autocaristes à réduire leur activité dès samedi. Au niveau des villes, de nombreux dépôts de bus ont été bloqués à Rennes, Angoulême, Alençon, Avignon, le Mans, Toul..., mais pas forcément en raison de blocages. A Lille, le trafic du réseau Transpole (métro, bus et tramway) a été paralysé après l'agression, mardi soir, d'un chauffeur.

"RESPONSABILITÉ"

Du côté des universités, malgré la tenue de nombreuses assemblées générales, le mouvement de contestation ne semblait toujours pas en mesure de prendre le relais des actions lycéennes : seulement cinq facultés ont été perturbées ou bloquées sur un total de quatre-vingt-trois, selon le gouvernement (six selon l'Unef), et quatre autres ont été fermées administrativement. Des manifestations lycéennes et étudiantes sont toutefois prévues jeudi pour faire perdurer le mouvement.

Alors que l'intersyndicale doit décider jeudi de la suite des actions à mener, la CGT a déjà indiqué qu'elle allait proposer de "nouvelles mobilisations comportant grèves et manifestations interprofessionnelles, unitaires, le plus rapidement possible". Le gouvernement espère pour sa part un vote jeudi soir du texte au Sénat, tablant notamment sur la fatigue physique des élus, qui siègent jour et nuit depuis le 15 octobre. Un espoir qui semble difficile à réaliser, au vu des deux cent quatre-vingt-dix amendements restant à examiner mercredi en fin d'après-midi.

Le Monde avec AFP et Reuters

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