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Grande crise, acte II

Retraites, un trésor impensé

Attaqué de toute part, le système de retraites financé par la cotisation n’est pas un simple enjeu social : il porte en lui un projet de civilisation.

Depuis 2008, chaque jour ou presque a nourri un constat : le marché de l’emploi et le marché des capitaux font obstacle au travail et à l’investissement. Pourtant, ces institutions jouissent d’une confiance telle que leur échec entraîne un redoublement de soumission à leur contrainte. Les salariés s’efforcent d’améliorer sur le marché du travail une « employabilité » que les employeurs ne jugeront jamais suffisante. Les responsables politiques imposent aux peuples les plus douloureux sacrifices pour tenter de satisfaire des marchés financiers insatiables.

L’observateur reste stupéfait devant ce culte païen qui trouve dans toute démonstration de la nocivité des dieux qu’il invoque l’occasion de les révérer avec une ferveur redoublée. Marchés et Emploi sont les divinités d’une religion jamais reconnue comme telle. Les prières adressées aux premiers se confondent avec le jargon journalistique : « Le pari de l’Europe pour rassurer les marchés », « Pour apaiser les marchés, l’Espagne se résigne à donner un tour de vis social », etc. Certes, Moloch a perdu de son lustre. Mais, face aux « investisseurs », la gauche propose au mieux une nationalisation partielle du crédit qui conforterait la propriété lucrative * (les astérisques renvoient au glossaire). Ne faut-il pas plutôt chercher à l’abolir ?

L’emploi revêt un caractère sacré que nul ne se hasarde à remettre en cause. Contre la promesse du maintien de leurs postes, des salariés français, allemands, américains se résignent à sacrifier une partie de leur rémunération. Partis et syndicats revendiquent le plein-emploi. Mais l’expression revêt un double sens : les employeurs y voient la subordination d’une quantité et d’une qualité optimales de main-d’œuvre ; les salariés y cherchent la garantie d’un revenu. Le temps n’est-il pas venu de découpler salaire et subordination aujourd’hui confondus dans l’emploi ?

On ne sort pas facilement des rets d’une religion païenne. Mais on peut espérer faire sauter le verrou de la croyance (et du fatalisme qui l’accompagne) en (...)

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Bernard Friot

Sociologue. Auteur de L’Enjeu des retraites, La Dispute, Paris, 2010.

Dossier Grande crise, acte II

Le scénario tient en quelques lignes : à l’origine, des salaires comprimés, des ménages endettés et d’immenses profits non investis. Puis, il y a deux ans, la plus violente crise financière depuis 1929. Enfin, la promesse de « dompter les marchés » formulée par les principaux dirigeants de la planète. Vingt-quatre mois plus tard, retour au point de (...)

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